Les notions "chose" et "objet" comme point de repåredans l’analyse des oeuvres du nouveau roman

Analyse des concepts de "littårature objective" et de "schozisme". Caractåristiques de la repråsentation des choses et des objets dans les åuvres d'art d'extraits du roman de J.-P. Sartre "La nausåe", F. Ponja "Le cageot" et A. Rob-Grieux "Trois visions".

Ðóáðèêà Èíîñòðàííûå ÿçûêè è ÿçûêîçíàíèå
Âèä ñòàòüÿ
ßçûê ôðàíöóçñêèé
Äàòà äîáàâëåíèÿ 27.06.2020
Ðàçìåð ôàéëà 29,2 K

Îòïðàâèòü ñâîþ õîðîøóþ ðàáîòó â áàçó çíàíèé ïðîñòî. Èñïîëüçóéòå ôîðìó, ðàñïîëîæåííóþ íèæå

Ñòóäåíòû, àñïèðàíòû, ìîëîäûå ó÷åíûå, èñïîëüçóþùèå áàçó çíàíèé â ñâîåé ó÷åáå è ðàáîòå, áóäóò âàì î÷åíü áëàãîäàðíû.

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Université nationale Ivan Franko de Lviv

Philologie française

Les notions “chose” et “objet” comme point de repèredans l'analyse des oeuvres du nouveau roman

Kuzyk N.Y., boursière de thèse

Resumå

Notre recherche est organisée autour de deux axes portant sur les notions de “littérature objective” et de “cho- sisme”. Pour avoir plus d'explications et préciser la distinction entre “les choses” et “les objets” nous nous référons sur les essais critiques de J.-P. Sartre et d'A. Robbe-Grillet. L'intérêt particulier est porté sur l'analyse de la manière de présenter les choses et les objets dans les oeuvres littéraires, le cas d'études des extraits tirés de “La nausée” de J.-P. Sartre, “Le cageot” de F. Ponge et l'extrait de “Trois visions” d'A. Robbe-Grillet.

Mots clés: chose, objet, phénoménologie, chosisme, littérature objective, retchevist.

Êóçèê Í.Þ. Ïîíÿòòÿ «ð³÷» ³ «ïðåäìåò» ÿê îñíîâà äëÿ àíàë³çó òâîð³â ïðåäñòàâíèê³â «Íîâîãî ðîìàíó»

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Kuzyk N. The concept of “thing” and “object” as the basis for the analysis of works of representatives of the “New Roman”

Summary. The article analyzes the concept of “objective literature” and “chosism” Particular attention is paid to the interpretation of the concepts “object / thing” in the literary and critical writings of J.-P. Sartr, A. Rob-Griye. The study distinguishes features of things and objects in artistic works on the example of excerpts from the novel J.-P. Sartre “Nausea”, F. Ponge “Le cageot” and A.Rob-Griye “Trois visions” (Three visions).

Key words: thing, object, phenomenology, chosism, objective literature, thingness.

Introduction

Les notions de “chose” et “d'objet“ que nous proposons d'analyser dans notre recherche ont évoqué des débats depuis leur apparition. Jusqu'à nos jours la différence entre elles reste assez floue vu leur position au carrefour des sens philosophiques, linguistiques, culturels, poétiques, cognitifs. Prenant source dans la philosophie et trouvant leur représentation dans les oeuvres littéraires les termes “chose“ et “objet“ ont marqué les courants littéraires du XX siècle.

La présentation terminologique du “retour aux choses” dans la littérature. C'est la période où les Français prennent connaissance des travaux des philosophes allemands Husserl et Heidegger. Le slogan de Husserl “retour aux choses” marque la naissance de la phénoménologie, définie comme une description du phénomène (de ce qui apparaît de soi-même à la conscience humaine) [5, p. 698]. Ce sont justement ces idées qui commencent à dominer en France dans les années d'après-guerre. Le “retour à la chose même”, proposé par cette philosophie, insiste à refuser toute description empirique pour envisager la chose. Par chose les phénoménologues proposent d'entendre non seulement des objets sensibles et intelligibles, mais tous les faits humains dans leur “idéalité ou leur essense” [18, p. 30]. Selon Husserl:

“Il s'agit de regarder la chose non pas à partir de l'expérience qu'on peut en avoir, mais à partir d'elle-même pour ainsi dire, “réduisant” du même coup l'expérience à un sens. Réduire veut dire purifier le regard de tout ce qui est susceptible de le parasiter (des préjugés, par exemple) afin de saisir directement l'essence de la chose” [ 18, p. 30].

En France Maurice Merleau-Ponty (en premier lieu sa “Phénoménologie de la perception”, 1945) et Jean-Paul Sartre (“l'Imagination”, 1936) continuent l'élaboration de ce problème mais sous un autre angle de vue: si Merleau-Ponty parle de la perception des choses dans le cadre de la phénoménologie, Jean-Paul Sartre détermine trois aspects de conscience: l'image, le concept, le percept.

Ce qui marque encore le XXe siècle (surtout son début) c'est l'apparition du terme - “la Nouvelle Objectivité” proposé par le critique d'art G.N. Hartloub. “La Nouvelle Objectivité”1 étend ses

En suivant la théorie de cette «Nouvelle Objectivité» les artistes (les écrivains, les peintres, les cinéstes) se sont posé pour but d'afficher seulement des objets concrets à neutralité inattaquable.

Options esthéthiques sur la peinture d'abord, sur la photographie, le cinéma et surtout sur la littérature.

Ses deux notions “chose” et “objet” ont trouvé leur reflet dans la littérature de la II moitié du XX siècle, en particulier. Elles sont considérées comme synonymiques et possèdent des explications très proches: chose - terme le plus général par lequel on désigne tout ce qui existe et qui est concevable comme un objet unique (concret, abstrait, réel, mental); objet - est une chose solide ayant unité et indépendance et répondant à une certaine destination [7, p. 213, 860].

Les études littéraires ne proposent pas non plus une distinction nette entre “chose” et “objet”. Dans les travaux des linguistes, on peut dégager les termes liées: “chosisme” et “littérature objective”. Le terme “chosisme” appartient étymologiquement à J.-P Sartre qui le traite comme une notion de philosophie [9].

Les linguistes ukrainiens, à leur tour, emploient souvent le terme “chosisme” (øîçèçì) comme terme littéraire en analysant les oeuvres d'A. Robbe-Grillet, représentant du Nouveau Roman. Selon eux, le chosisme marque bien la manière particulière d'A. Robbe-Grillet de décrire les choses et les objets. Une place capitale est réservée aux objets qui sont décrits méticuleusement du point de vue des arts visuels [1].

Certains savants relient la notion de “chosisme” avec le nom de G. Perec et son roman “Les Choses”. Dans cette oeuvre, l'auteur fait recourt à la figure de l'accumulation des choses qui caractérisent la société de consommation [6, p. 435].

Dans ses “Essais Critiques”, R. Barthes emploie le terme “littérature objective” en parlant toujours de l'oeuvre d'A. Robbe-Grillet. A l'aide de ce terme le critique voulait de montrer la méthode d'A. Robbe-Grillet visant la description de l'objet, description “dépourvue de toute dérivation lyrique” [4, p. 51].

Ce refus du lyrisme, comme le cite R. Barthes, est propre aussi à F. Ponge. Poète de la première moitié du XX siècle qui, bien avant les “nouveaux romanciers”, s'est engagé dans la “régénération de la poésie et qui s'est trop complu dans les tromperies sentimentales et dans la grandiloquence creuse” [6, p. 149].

Un autre terme est proposé par Nelly Wolf dans son ouvrage “Une littérature sans histoire, essai sur le Nouveau roman” - “l'objec- talité” (objet “posé-là”) [19, p. 117]. Selon N. Wolf: “l'objectalité doit être réservée à Robbe-Grillet et à ceux qu'il a influencés, Claude Ollier et Jean Ricardou notamment. C'est là qu'on voit se constituer cet univers d'objets solides plus ou moins autonomne, dont le lien avec le reste de l'intrigue est toujours soit distendu soit rompu” [19, p. 117].

Quant à la terminologie ukrainienne nous proposons d'employer le terme “retchevist” (du mot ukr. ð³÷ - qui correspond au mot fr. chose). En nous référent aux explications données par le Petit Robert, nous allons nous servir de ces deux termes, “chose” et “objet”, comme synonymiques qui peuvent substituer l'un l'autre. Il est à noter que cette nouvelle vision des objets (choses) est app- parue au début du XX siècle et a atteint son apogé dans la tradition du Nouveau Roman.

Le but de la recherche

Nous nous sommes proposé d'analyser un extrait du recueil “Le parti pris des choses” intitulé “Le Cageot” de F.Ponge, les extraits du roman “La Nausée” de

J.-P. Sartre et l'extrait du recueil “Instantanés” d' A. Robbe-Gril- let afin de démontrer la place et le rôle des choses et des objets dans les textes littéraires. Nous nous concentrons sur la période du Nouveau Roman et sur F. Ponge (chronologiquement son oeuvre se situe dans les années 30-40 du XX siècle) bien qu'il ne fasse pas partie des représentants de ce courant littéraire, nous allons fixer notre attention sur ses textes, car nous trouvons que sa philosophie littéraire, sa vision des choses et des objets peuvent être placées dans le cadre de notre thème.

Texte intégrale

Certains écrivains considèrent F. Ponge comme “un poète phénoménologue des années 40” [16]. On cite souvent sa fameuse déclaration: “de ne pas céder à la psychologie, à la démagogie, au sentimentalisme, au “ronron”, au manège, qui voilent la beauté évidente du moindre objet et sa présence supérieure à tous les discours” [16].

D'autres savants, soulignant l'abondance des figures de style dans ses textes [ 2, 11], parlent de son langage “truqué” et affirment que “sa poésie est éloignée de l'idéal, de la transparence du langage s'effaçant devant la réalité évoquée” [8, pp. 40, 86]; d'autres encore étudient les rapports entre les choses et le langage relevés de F. Ponge [3]. Mais tous sont unanimes à affirmer que F. Ponge privilège le monde extérieur. Le poète s'intéresse, “en particulier, aux objets les plus humbles auxquels il entend redonner une légitimité poétique” [11, p. 112]. “F. Ponge ouvre une voie jusqu'alors peu empruntée en entamant un long “voyage dans l'épaisseur des choses” [11, p. 112]. Comme le cite É. Frémond “Ponge voulait créer “une seule cosmogonie”, une explication de la création - ou de la recréation - du monde, sur le modèle antique de Natura rerum de Lucrèce. Le poète préfère se laisser envahir par les choses pour découvrir, à leur contact, des sentiments nouveaux” [11, p. 115]. schozisme litårature objective sartre ponge

É. Frémond affirme que la description, proposée par F. Ponge se trouve “à mi-chemin entre la description scientifique et l'article de dictionnaire” [11, p. 127]. La manière d'écriture de F. Ponge est opposée à celle qui est propre au genre poétique du blason. É. Frémond explique:

“Contrairement au genre poétique du blason qui consiste à décrire un objet et à en épuiser les qualités esthétiques et morales pour en faire l'éloge, F. Ponge considère chaque chose à son degré de généralité le plus haut afin d'en saisir la “qualité différentielle” et d'en tirer une leçon pour l'homme, “un sujet de méditation” [11, p. 127].

Nous comprenons que l'auteur constate la différence du style de F.Ponge et du style de la poésie classique, ainsi que la place de l'homme et de son regard sur les choses: d'une part, nous avons des descriptions lyriques avec l'abondance de moyens d'expressivité; d'autre part, une description des objets avec leurs traits différenciels et, d'autre part encore, l'homme et son parti pris des choses.

Comme preuve, F. Ponge a consacré tout un poème au cageot. Le poète a organisé son texte autour de 3 axes en décrivant cet objet habituel et insignifiant. D'abort le cageot est présenté comme un objet ordinaire, même banal (simple caissette; qui ne sert pas deux fois). L'objet est valorisé par la marque de son omniprésence (à tous les coins de rues qui aboutissent aux halles); par la description de son apparence (il luit, il est tout neuf). Grâce aux adjectifs ahuri, maladroit, qui décrivent les sentiments humains, F. Ponge personnifie cet objet.

A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.

Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme.

À tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques, - sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement [11, p. 15].

Ayant procédé même à une analyse partielle du poème, nous nous sommes confrontés à une contradiction évidente: d'un côté - la tendance de l'auteur vers une description apparente (visuel) d'un objet habituel; de l'autre côté, la richesse des moyens qui redonnent au poème un nouveau sens et permettent ses différentes interprétations. Grâce aux associations que cet extrait peut évoquer chez le lecteur, cet objet - le cageot - prend un sens relatif à l'homme: tout comme l'homme il vit sa vie, le cageot a son terme d'usage. On peut briser le cageot sans effort, ce qui ne le rend pas utile deux fois, tout à fait comme l'homme qui ne peut pas vivre deux fois. Un rôle particulier appartient à l'adjectif (des plus sympathiques) employé au superlatif, car il réfère le lecteur à la fragilité de l'homme et de la vie humaine, en général.

Une autre contradiction apparaît quand il s'agit de cette distinction (on dirait “mystérieuse”) entre les notions “chose” et “objet”. Ce point important de l'oeuvre de F. Ponge est examiné dans l'ouvrage de J.-P.Sartre intitulé “L'homme et les choses”. A l'aide des explications données par J.-P. Sartre, on comprend que “l'objet” selon F. Ponge est une donnée humanisée des choses (cette distinction concerne également les êtres animés et les choses). L'extrait tiré de “L'homme et les choses” concernant F. Ponge nous aidera à mieux comprendre cette distinction:

“Voilà donc une mère de famille et un trapéziste pétrifiés. Ce sont des choses. Il a suffi pour obtenir ce résultat de les considérer sans ce parti pris d'humain qui charge de signes les visages et les gestes des hommes. On s'est abstenu de leur coller sur le dos les étiquettes traditionnelles “Haut” et “Bas”, de leur supposer une conscience, de les considérer, enfin, comme des poupées sorcières. En un mot, on les a regardés avec les yeux des behaviouristes. Et tout à coup les voilà rentrés dans la Nature ; le gymnaste, entre le singe et l'écureuil, devient un produit naturel; la jeune mère est un mammifère supérieur qui a mis bas. <..> A présent, nous avons compris qu'un objet quelconque apparaîtra comme une chose dès qu'on aura pris soin de le déshabiller des significations trop humaines dont on l'a paré alors” [15, p. 236].

La partie la plus importante de ce point de vue concerne la présentation du trapéziste et de la jeune mère: le trapéziste qui devient un produit naturel et la jeune mère qui n'est considérée que comme un mammifère supérieur. D'après J.-P. Sartre se sont des choses dès qu'elles sont dépourvues des significations trop humaines et sont considérée sans ce parti pris d'humain. L'auteur attire l'attention sur le fait qu'un homme est transformé en une chose quand on lui enlève ses caractéristiques traditionnelles (les visages, les gestes). Ainsi revient-il à la nature, telle qu'elle est.

Ilest à noter que J.-P. Sartre n'est pas considéré non plus comme un écrivain du Nouveau Roman, mais sa vision des choses et des objets va dans le même ordre d'idée. Ceci nous permet également de voir en J.-P Sartre un écrivain sur la voie de la nouvelle compréhension des choses.

Antoine Roquentin, personnage principal du roman “La Nausée” de J.-P. Sartre, commence à comprendre que les choses autour de lui existent dans leur présence envahissante, qu'elles pèsent sur lui:mon Dieu comme les choses existent fort aujourd'hui' [14, p. 144 ]. Cette pesanteur provoque justement cette nausée que le héros ne peut pas supporter:

Les objets, cela ne devrait pas toucher, puisque cela ne vit pas

On s'en sert, on les remet en place, on vit au milieu d'eux: ils sont utiles, rien de plus. Et moi, ils me touchent, c'est insupportable. J'ai peur d'entrer en contact avec eux tout comme s'ils étaient des bêtes vivantes [14, p. 24].

L'intérêt de J.-P. Sartre à la phénoménologie trouve aussi son reflet dans sa manière de décrire les objets. Pour l'affirmer nous allons prendre appui sur l'article de Philippe Zard intitulé “L'arbre et le philosophe. Du platane de Barrès au marronnier de Sartre. Littérature et phénoménologie“. Il explique que “Savoir regarder phénoménologiquement le marronnier, c'est donc commencer par le soustraire à tout ce qui en lui pourrait faire signe. L'arbre de Sartre ne témoigne de rien: il impose au regard sans prévention son existence têtue et insensée“ [20].

Le héros s'est confronté à l'existence de l'arbre. L'auteur ne cite que l'apparence extérieure de l'arbre, ce qui le transforme en arbre phénoménologique.

Le marronnier se pressait contre mes yeux. Une rouille verte le couvrait jusqu'à mi-hauteur; l'écorce, noire et boursouflée, semblait de cuir bouilli [14, p. 180].

Une toute autre description est donnée à un verre de bière, un verre de bière qui nous paraît un exemple ordinaire de l'objet. De nouveau, l'attention du lecteur est atttirée par l'aspect extérieur. Pour le décrire, l'auteur se sert en particulier des mots: une anse, un petit écusson, avec une pelle.

Maintenant, il y a partout des choses comme ce verre de bière, là, sur la table. Eh bien, qu'est-ce qu'il a, ce verre de bière? Il est comme les autres. Il est biseauté, avec une anse, il porte un petit écusson avec une pelle et sur l'écusson on a écrit “Spatenbrâu” [14, p. 21].

Aussi dans toute son oeuvre, Sartre manifeste-t-il que “l'existence précède l'essence”, ce qui correspond à sa philosophie de l'existensialisme.

Ainsi nous sommes-nous approchée du Nouveau Roman où la tradition de donner de l'importance aux choses et aux objets a atteint son climax. C'est dans le “Nouveau Roman”, comme le notent les critiques, que l'invasion des choses est devenue un des traits particuliers pour les “nouveaux romanciers”. D'après Y. Stalloni:

“Ce personnage inconstant est noyé dans un univers déshumanisé où les objets dominent. La desciption méticuleuse d'une tomate, d'une araignée, d'un tableau est une caractéristique frappante qui a autorisé à parler pour ce courant d' “école du regard”; on a avancé également l'expression de “littérature objective” [17, p. 174-175].

Cette déclaration d'Y. Stalloni nous permet d'affirmer que le terme “école du regard” employé par lui est très proche d'après son sens du terme “littérature objective” proposé par R. Barthes (ce que nous avons constaté préalablement).

C'est justement dans le cadre de cette “littérature objective” que s'inclut la description des objets par Robbe-Grillet. Chez Rob- be-Grillet la description est toujours antologique; le langage est chargé de “peindre” l'objet. L'objet n'est que “résistance optique”. “L'objet n'est jamais insolite, il fait partie, à titre de fonction évidente, d'un décor urbain ou quotidien. L'auteur tâche d'isoler les objets, de les retirer de leur fonction et de notre biologie” [4, p. 42].

Dans son manifeste “Nouveau Roman, Homme Nouveau” A. Robbe-Grillet explique ce qu'il entend par les notions “choses” et “objets”. Il est à noter que ses explications se sont basées sur les définitions des dictionnaires. Selon A. Robbe-Grillet, on peut envisager comme objet tout ce qui affecte un sens et occupe notre esprit; pour ce qui est des choses il confère un sens traditionnel, propre, par exemple, aux oeuvres de Balzac. L'extrait, qui suit éclaircit le sujet:

Et, si l'on prend objet au sens général (objet, dit le dictionaire: tout ce qui affecte le sens), il est normal qu'il n'y ait que des objets dans mes livres: ce sont aussi bien, dans ma vie, les meubles de ma chambre, les paroles que j'entands ou la femme que j'aime, un geste de cette femme, etc. Et dans une acception plus large (objet, dit encore tout ce qui occupe l'esprit), seront encore objets le souvenir (par quoi je retourne aux objets passés), le projet (qui me transporte dans des objets futurs: si je décide de'aller me baigner, je vois déjà la mer et le plage, dans la tête) et toute forme d'imagination [12, p. 466].

Quant à ce que l'on appelle plus précisement des choses, il en a toujours eu beaucoup dans le roman. Que l'on songe à Balzac: maison, mobilier, vêtements, bijoux, ustensils, machines, tout y est décrit avec un soi qui n'a rien à envier aux ouvrages modernes. Si ces objets-là sont, comme on dit, plus “humains” que les notres, c'est seu- lements - et nous y reviendrons - que la situation de l'homme dans le monde qu'il habite n'est plus aujourd'hui la même qu'il y a cent ans. Et non pas du tout parce que notre description serait trop neutre ou trop objective, puisque justement elle ne l'est pas. [12, p. 466]

Comme le montre l'extrait cité la notion d'objet acquiert le sens le plus général et la notion de chose concerne plutôt l'univers matériel, physique. Il est à noter que l'exemple des meubles de ma chambre s'inscrit également dans les catégories des deux notions «choses et objets” vu leur fonction: affecter le sens; occuper l'esprit ou être-là et marquer leur (des meubles de ma chambre) existence. Selon l'explication de l'auteur, sa manière de la vision du monde n'est inspirée que par la place de l'homme dans la société à une époque donnée, évidemment différente de celle de Balzac. Les idées annoncées dans les manifestes théoriques sont refletées dans les oeuvres d'A. Robbe-Grillet. L'extrait qui suit, tiré de la nouvelle “Trois visions réfléchies”, nous montrera les particularités de la représentation d'un objet quotidien - la cafetière

La cafetière est sur la table.

C'est une table ronde à quatre pieds, recouverte d'une toile cirée à quadrillage rouge et gris sur un fond de teinte neutre, un blanc jaunâtre qui peut-être était autrefois de l'ivoire - ou du blanc. Au centre, un carreau de céramique tient lieu de dessous de plat; le dessin en est entièrement masqué, du moins rendu méconnaissable, par la cafetière qui est posée dessus.

La cafetière est en faïence brune. Elle est formée d'une boule, que surmonte un filtre cylindrique muni d'un couvercle à champignon. Le bec est un S aux courbes atténuées, légèrement ventru à la base. L'anse a, si l'on veut, la forme d'une oreille, ou plutôt de l'ourlet extérieur d'une oreille; mais ce serait une oreille mal faite, trop arrondie et sans lobe, qui aurait ainsi la forme d'une “anse de pot". Le bec, l'anse et le champignon du couvercle sont de couleur crème. Tout le reste est d'un brun clair très uni, et brillant. Sur la partie sphérique de la cafetière brille un reflet déformé de la fenêtre, une sorte de quadrilatère dont les côtés seraient des arcs de cercle [13, p. 9-10,11-12].

Nous pouvons remarquer que bien avant de commencer à décrire la cafetière, l'auteur présente sa localisation (la cafetière est sur la table), puis le lecteur nous apprend qu'elle est posée sus un carreau de céramique suivie d'une description détaillée de la table (ronde, à quatre pieds). À part sa localisation, l'auteur précise le matériau dont la cafetière est produite. Comme toute autre cafetière, celle qui est décrite possède une boule, un filtre, un couvercle, un bec, une anse, dans la description desquels l'attention du lecteur est focalisée sur les formes géométriques: un filtre cylindrique, le bec aux courbes atténuées, la forme d'une oreille trop arrondie; la partie sphérique de la cafetière, une sorte de quadrilatère, des arcs de cercle).

Un grand rôle appartient aussi aux adjectifs désignant les couleurs qui caractérisent cette cafetière, entre autres rouge, gris, blanc, brun (considérés par Christian Molinier comme adjectifs de couleur catégorisateurs) [10, p. 260]. D'autres sont nuancées: teinte neutre, un blanc jaunâtre, l'ivoire, couleur crème, brun clair très uni, brillant. C'est justement cette partie de la perception des couleurs qui nous propose de nouvelles idées de la présentation des objets et des choses dans les textes littéraires, et qui peut constituer un point supplémentaire dans nos recherches ultérieures.

Conclusion

Notre analyse nous a amené aux reflexions suivantes:

Au XXe siécle, les notions “chose” et “objet” apparaissent dans les études philosophiques liées à des questions de phénoménologie qui réclame “retour aux choses-mêmes”. Une telle interprétation des choses et des objets a été empruntée par les études littéraires à la phénoménologie où ces notions ont trouvé leurs reflets.

A côté des termes “chose” et “objet” on voit apparaître les termes littéraires “chosisme”, “littérature objective” ainsi que leurs diverses interprétations. Dans la terminologie ukrainienne, à part les termes “chose” et “objet” (nous les employons comme synonymes), nous proposons le terme “retchevist”.

L'examen des oeuvres de F. Ponge, de J-P. Sartre et d'A. Rob- be-Grillet nous a permis de relever les points principaux de la description des objets comme éléments importants du texte, autour desquels lui, le texte est organisé.

Ayant consacré tout un poème à un seul objet, F. Ponge propose la description de cet objet dépourvue de sens humanisé et en évitant le sentimentalisme excessif. J.-P Sartre. A son tour, il met en relief l'existence des choses et des objets visualisant leurs aspects extérieurs. Il préfère se concentrer sur la description qui vient des idées phénoménologiques. Ce qui est très important dans les oeuvres d'A. Robbe-Grillet, c'est la description méticuleuse des objets, qui “sont-là” et qui possèdent leur forme, leur couleur, leur localisation.

Par conséquent si l'objet est représenté (décrit) d'une manière peu boursouflée et est éloignée des traditions des sentimentalistes, des réalistes, cette description occupe une place importante, sa propre place dans les études des textes littéraires. La problématique de l'analyse des choses se trouve en relation directe avec leur expression dans le tissu textuel, ce qui peut constituer un thème d'études ultérieures.

Bibliographie

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