The equality of men and women: ethics in the XXI century

The cases of norwegian-russian and french-russian marital unions, using the to sociology and jurisprudence method of scientific research. The material carries anthropological character, which explains the use of the methods of historical sciences.

Đķáđčęā Ņîöčîëîãč˙ č îáųåņōâîįíāíčå
Âčä ņōāōü˙
ßįûę āíãëčéņęčé
Äāōā äîáāâëåíč˙ 06.04.2019
Đāįėåđ ôāéëā 74,5 K

Îōīđāâčōü ņâîū õîđîøķū đāáîōķ â áāįķ įíāíčé īđîņōî. Čņīîëüįķéōå ôîđėķ, đāņīîëîæåííķū íčæå

Ņōķäåíōû, āņīčđāíōû, ėîëîäûå ķ÷åíûå, čņīîëüįķūųčå áāįķ įíāíčé â ņâîåé ķ÷åáå č đāáîōå, áķäķō âāė î÷åíü áëāãîäāđíû.

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The equality of men and women: ethics in the XXI century?

Rulan Norber

Doctor of Law Professor, the department of Law, Aix-en-Provence 425200, Russia, g. Medvedevo, ul. Polevaya 17-87, 3

Āííîōāöč˙

Āâōîđ đāņņėāōđčâāåō âîīđîņû đāâåíņōâā īîëîâ â ņîâđåėåííîė ėčđå, ā ōāęæå ņ čņōîđčęî-āíōđîīîëîãč÷åņęîé ōî÷ęč įđåíč˙. Āâōîđ đāņņėāōđčâāåō īđčėåđû íåđāâåíņōâā īîëîâ ņ ôčįč÷åņęîé, ņîöčîëîãč÷åņęîé č īņčõîëîãč÷åņęîé ōî÷åę įđåíč˙. Đāņņėāōđčâāūōņ˙ īđčėåđû íåđāâåíņōâā īîëîâ â đāįëč÷íûõ ęķëüōķđāõ. Đāņņėāōđčâāūōņ˙ īđčėåđû ōîãî ęāę âëč˙åō íåđāâåíņōâî īîëîâ íā ņîįäāíčå áđā÷íûõ ņîūįîâ ėķæ÷čí č æåíųčí, ãäå âįāčėîįāâčņčėîņōü č âįāčėíûé číōåđåņ čãđāåō áîëüøķū đîëü â ņîįäāíčč č ņîõđāíåíčč áđāęā. Čņīîëüįķūōņ˙ īđčėåđû íîđâåæņęî-đķņņęčõ č ôđāíęî-đķņņęčõ áđā÷íûõ ņîūįîâ. Čņīîëüįķūōņ˙ ęëāņņč÷åņęčå äë˙ ņîöčîëîãčč č ūđčņīđķäåíöčč ėåōîäû íāķ÷íîãî čņņëåäîâāíč˙. Ėāōåđčāë íîņčō āíōđîīîëîãč÷åņęčé õāđāęōåđ, ÷ōî îáú˙ņí˙åō îáøčđíîå čņīîëüįîâāíčå ėåōîäîâ čņōîđč÷åņęčõ íāķę. Āâōîđ îáú˙ņí˙åō īđč÷číû íåđāâåíņōâā īîëîâ, čõ īđîčņõîæäåíčå č įāęđåīëåíčå â ęķëüōķđå, đåëčãčč, īđāâå. Īđčâîäčō đ˙ä číōåđåņíûõ īđčėåđîâ ņîöčîëîãč÷åņęîãî, ęķëüōķđíîãî, īđāâîâîãî íåđāâåíņōâā īîëîâ čį đāįëč÷íûõ ęķëüōķđ, ņōđāí č ęîíōčíåíōîâ. Āâōîđ đāņņėāōđčâāåō íā īđčėåđå íîđâåæņęî-đķņņęčõ č ôđāíęî-đķņņęčõ áđā÷íûõ ņîūįîâ ęāęčė îáđāįîė čõ öåëîņōíîņōü ņîõđāí˙åōņ˙ íā îņíîâå âįāčėîįāâčņčėîņōč č âįāčėíîãî číōåđåņā.

Ęëū÷åâûå ņëîâā: īîë, áđāę, ņåėü˙, ãåíäåđíîå íåđāâåíņōâî, āíōđîīîëîãč˙, ņîöčîëîãč˙, ũōčęā, đāâåíņōâî, íåđāâåíņōâî, ņîūį

Abstract

The author examines the questions of gender equality in the modern world, as well as from the historical-anthropological perspective. The article deals with the examples of gender inequality from the physical, sociological and psychological standpoints, in various cultures, and how it can affect marriages between men and women, where interdependence and mutual interest play a significant role in consummation and preservation of marriage. The work leans on the cases of Norwegian-Russian and French-Russian marital unions, using the traditional to sociology and jurisprudence method of scientific research. The material carries anthropological character, which explains the extensive use of the methods of historical sciences. The author explicates the causes of gender inequality, their origin and consolidation in the culture, religion, and law, as well as demonstrates a range of interesting examples of sociological, cultural, and legal inequality of genders from the various cultural environments, countries and continents. Using the precedents of Norwegian-Russian and French-Russian marriages, the author analyzes how their union is preserved based on the interdependence and mutual interest.

Keywords: åthique, sociologie, anthropologie, inågalitå entre les sexes, la famille, le mariage, sexe, ågalitå, inågalitå, alliance

Introduction

Le thåme de l'ågalitå entre les femmes et les hommes a nourri bien des dåbats depuis des dåcennies, voire des siåcles. Dans le monde occidental, il a råcemment åtå relancå par les campagnes mådiatiques Balance ton porc et Mee too, visant ā dånoncer les agressions et comportements injurieux d'ordre sexuel commis envers les femmes.

L'histoire et l'anthropologie conduisent ā un constat massif: l'inågalitå entre les femmes et les hommes, sur laquelle on a beaucoup spåculå pour savoir si elle trouvait son fondement dans la nature ou la culture. On se souvient ā cet ågard de la cålåbre phrase de Simone de Beauvoir: Ģ On ne nait pas femme, on le devient ģ [1].

Inågalitå ā des degrås divers. Il vaut mieux åtre femme en Europe que dans la plupart des sociåtås de Nouvelle-Guinåe; jusqu'ici, la femme suådoise est plus indåpendante que celles des campagnes siciliennes. Et chez les Touaregs, on n'est pas loin d'une ågalitå entre les hommes et les femmes, contrairement ā la plupart des coutumes musulmanes

Une premiåre partie sera consacråe ā ce constat et ā ses tentatives d'explications.

Par ailleurs, le monde actuel vit l'internationalisation des contacts, notamment par Internet, ce qui se traduit par la constitution de couples mixtes venus souvent d'horizons culturels et de syståmes juridiques diffårents dans les rapports entre les femmes et les hommes.

Une seconde partie sera consacråe ā des exemples tirås des couples actuels russo - norvågiens, et franco-russes.

Partie I: L'inågalitå entre les femmes et les hommes

L'ågalitå råelle entre les hommes et les femmes n'existe actuellement que dans les pays scandinaves, tout particuliårement en Norvåge. Dans les pays occidentaux (Russie comprise), on note le plus souvent, ā des degrås divers, un åcart entre les normes et les pratiques. Åcart dû en grande partie ā la persistance de repråsentations låguåes par le syståme viriarcal [2]. On retrouve ainsi le triptyque cher ā l'anthropologie juridique: les normes, les pratiques, les repråsentations.

La quasi- universalitå de l'inågalitå entre les femmes et les hommes pose donc problåme. On l'examinera briåvement ā la lumiåre de l'histoire et de l'anthropologie.

Cette premiåre partie comportera donc deux paragraphes: le constat de l'inågalitå, les tentatives d'explications.

A) Le constat de l'inågalitå

Cette inågalitå possåde des aspects psychologiques et juridiques qui sont souvent intimement målås.

Deux exemples le montrent bien: celui des råcentes campagnes mådiatiques contre les agressions commises contre les femmes; les inågalitås dans le monde du travail.

a) Pourquoi Balance ton porc?

Hollywood a åtå marquå par l'affaire Weinstein. Une des consåquences semble åtre le retour d'un certain nombre moral. En tåmoigne la transformation de l'håroīne des jeux vidåo, Lara Croft [3], figuråe d'abord par Angålina Jolie, aujourd'hui par Alicia Vikander. On peut parler d'une dåsexualisation. Les våtements ne sont plus moulants, le fusil a åtå remplacå par l'arc et la flåche, plus åcologiques. Un signe parmi tant d'autres de l'åvolution des rapports entre les femmes et les hommes. Certains auteurs comme Eva Illouz s'en prennent måme ā la galanterie: Ģ åtre galant, c'est åtre conscient de sa supårioritå tout en l'euphåmisant, en faisant des gestes de dåfårence et de protection, qui n'ont de valeur årotique que parce qu'ils pråsupposent cette supårioritå ģ [4]. La galanterie serait ainsi un des effets de la dåtention inågalitaire, parce que rågulåe principalement par les hommes, de ce que l'auteure nomme le capital sexuel. Ceux-ci en fixent les critåres, par exemple la jeunesse (une jeune femme de 23 ans est considåråe comme trop vieille par l'industrie du mannequinat), la minceur et la blondeur. Ā ce jeu, certaines femmes sont gagnantes: les actrices et mannequins, les pråsentatrices de tålåvision, les attachåes de presse, les hotesses de l'air correspondant ā ces standards. L'auteure minimise måme l'ågalitå salariale et l'accås des femmes au plaisir sexuel, qui n'entameraient que peu la domination structurelle des hommes. On peut discuter sur la signification exacte de la galanterie [5] et des sentiments qu'elle peut provoquer chez les femmes qui ne sont pas forcåment någatifs, sans que pour autant celles-ci soient aliånåes.

La pråfårence masculine pour la jeunesse est en effet un trait culturel trås råpandu, y compris dans les sociåtås non- occidentales. Dans la majoritå des cultures les hommes sålectionnent des femmes jeunes et les femmes des hommes ayant un statut socio- åconomique ålevå, et donc plus agås [6]. P.Brenot, psychiatre et anthropologue, le constate: Ģ La conformitå aux ståråotypes millånaires de l'homme plus grand en taille et en age a effectivement tendance ā råsister dans la mesure oų de nombreuses femmes plåbiscitent ā leurs cotås un homme solide et fort sur lequel elles puissent se reposerģ [7]. Pour les tenants de la psychologie åvolutionniste, il faut y voir la permanence jusqu'ā l'åpoque actuelle de traits archaīques tenant ā la reproduction. Les hommes sålectionnent des femmes jeunes parce qu'elles sont les plus aptes ā procråer; les femmes des hommes au statut ålevå parce qu'elles supposent qu'ils seront plus ā måme que d'autres d'assurer l'åducation des enfants, qui, dans l'espåce humaine, demande beaucoup de temps. Åvidemment, l'åtendue de la diffårence d'age admise varie suivant les åpoques et les sociåtås. Dans la France actuelle, une diffårence de plus de dix ans est suspecte. Dans les anciens pays de l'Est elle åtait admise; sans parler de certains pays asiatiques, ou le Bråsil, oų elle peut atteindre une trentaine d'annåes. On peut prendre comme contre-exemples les cougars, mais jusqu'ici, ces couples ne sont que l'exception qui confirme la rågle.

Quoi qu'il en soit, observons que l'indåpendance financiåre est quand måme le signe d'une modification profonde du syståme viriarcal. Ainsi que l'ouverture de la sexualitå ā la femme, qui justement l'åloigne de ce syståme, oų elle åtait dominåe par l'homme.

Prenons le cas de la France. Le ståråotype de la passivitå fåminine a beaucoup souffert, notamment dans le domaine sexuel[8]. Les rencontres ne se font plus dans les bals populaires, mais sur les lieux de travail ou sur Internet[9]. Les jeunes femmes utilisent ce dernier moyen dans des proportions comparables aux hommes (entre 28 et 40 pour cent des 18 ā 25 ans).

En 1970, l'initiative des rapports sexuels revenait aux hommes. Dans la seconde moitiå des annåes 2000, cette initiative est partagåe ā peu prås ågalement, Quatre cinquiåmes des femmes comme des hommes dåclarent que leur dernier rapport åtå le fruit d'une envie commune. Les rapports qui ne correspondent pas ā ce modåle sont considårås comme insatisfaisants, voire violents.

Les pratiques sexuelles elles-måmes montrent une plus large participation et activitå des femmes. Toujours dans les annåes 2000,80 % d'entre elles dåclarent avoir eu un orgasme lors de leur dernier rapport. 49 % des Franįaises disent avoir utiliså au moins une fois un sex toy, contre 9 % il y a 10 ans[10]. 75 % des Franįaises vivant en couple se dåclarent pråtes ā en utiliser, la majoritå des utilisateurs s'en servent d'ailleurs en couple. Fait relativement surprenant, les catholiques pratiquants sont assez proches de la moyenne des utilisateurs. Les diplomås de l'enseignement supårieur, les cadres supårieurs et les chefs d'entreprise sont les plus nombreux utilisateurs. La vente en ligne de ces accessoires (66 pour cent des achats) facilite leur diffusion.

65 % des femmes de 25 ā 49 ans dåclarent pratiquer la fellation, et 70 % des hommes le cunnilingus. La masturbation solitaire a augmentå considårablement parmi les femmes. 73 % d'entre elles ont vu des films pornographiques, 20 % en regardent råguliårement.

Pratiques qui non seulement dissocient de plus le plaisir sexuel de la reproduction, mais tåmoignent des initiatives des femmes.

De plus, aprås les såparations, qui sont dåsormais trås nombreuses, les femmes sont aussi nombreuses que les hommes ā rencontrer de nouveaux partenaires.

Cependant, le dåterminant de la sexualitå est encore conįu diffåremment suivant les genres. Les deux tiers des hommes et des femmes sont d'accord pour dire que les hommes ont par nature plus de besoins sexuels. L'affirmation selon laquelle on peut avoir des rapports sexuels sans aimer son partenaire est dåsapprouvåe par 54 % des femmes, mais par seulement 30 % des hommes. Il y aurait donc une inadåquation entre la fåminitå et l'affirmation du dåsir sexuel.

Ā la lumiåre de ces åvolutions råcentes, comment interpråter la multiplication des plaintes fåminines contre le harcålement sexuel? Dire qu'il s'agirait d'un retour au puritanisme constitue un contresens historique. C'est justement parce que les pratiques ont åvoluå dans le sens de l'ågalitå que les comportements de certains hommes sont considårås comme insupportables.

Cette råsistance des ståråotypes viriarcaux est aussi constatable dans les mondes du travail franįais et russe.

b) L'inågalitå hommes-femmes dans les mondes du travail russe et franįais

En France, l'ågalitå entre les femmes et les hommes a beaucoup progresså dans le domaine du droit de la famille depuis une cinquantaine d'annåes. Il en va autrement dans le monde du travail, comme le montrent des chiffres råcents[11].

Sur les 118 entreprises composant l'indice SBF 120,25 ne comptent pas de femmes dans leur comitå exåcutif. C'est notamment le cas d'Airbus, Bouygues et Vivendi. Et quand des femmes y siågent, elles sont en minoritå: 15,8 %, alors qu'il y a 15 ans ce taux åtait d'environ 10 %.

Les entreprises les plus fåminisåes sont par exemple Icade (56 % de taux de fåminisation du comitå exåcutif), Publicis (37 %), Danone (33 %).

Il en va autrement dans les conseils d'administration, qui comptent 40 % de femmes. Råsultat de la loi Copå-Zimmermann de 2010 qui a imposå ce quota dans ces instances de controle. Preuve de l'efficacitå des discriminations positives, longtemps rejetåes par la doctrine juridique franįaise. Rappelons que depuis la modification constitutionnelle ayant trait ā la participation des femmes ā la repråsentation nationale, leur taux est passå de 5 ā 25 % parmi les dåputås. Contrairement ce qu'ont soutenu des fåministes de renom, cela valait la peine de donner un sexe au peuple franįais. Dans l'Universitå, on impose une repråsentation minimale des femmes parmi les membres des jurys de thåse.

Pour autant, le sexisme n'est pas toujours en cause. Alors que 40 % des bacheliers scientifiques sont des femmes, on note qu'il y a une pånurie de femmes dans les åcoles d'ingånieurs (de 15 ā 20 %).

D'autre part, 7 femmes sont actuellement ā la tåte d'une entreprise du SBF 120, contre 111 hommes, mais il y a trois ans, il n'y en avait qu'une.

Les choses avancent donc. Mais au-delā des quotas, l'argument le plus fort pour la fåminisation des entreprises råside dans la performance. Depuis dix ans, le cabinet de conseil en stratågie McKinsey parvient chaque annåe ā la måme conclusion: ce sont les entreprises qui comptent le plus de femmes qui parviennent aux meilleures performances. Le fonds suisse Amazon Euro Fund l'a bien compris: il n'investit en bourse que dans les entreprises dont la direction est trås fåminisåe.Il a progresså de 44,75 % entre 2013 et fin 2017.Les enseignants confirment ce constat: depuis longtemps, les filles sont les meilleures åtudiantes.

Il est intåressant d'åvoquer en comparaison les expåriences soviåtique et russe [12].

Comme on le verra plus loin, la råvolution bolchevique a donnå des droits aux femmes souvent avant le reste de l'Europe. Les constitutions de 1918 et 1936, et ā l'åpoque postsoviåtique celle de la Fådåration de Russie dåclarent que les femmes ont des droits ågaux ā ceux des hommes. L'article 2 du Code du travail russe qui date de 2002 va dans le måme sens. Des procådures sont ågalement pråvues, y compris au niveau pånal, pour permettre aux femmes qui s'estiment victimes de discriminations d'agir en justice. Mais en gånåral la jurisprudence est trås restrictive.

Car force est de constater que la råalitå est bien en deįā des normes. Une fois de plus, on constate que les mœurs peuvent åtre plus fortes que le droit, måme dans un Åtat au long passå råvolutionnaire.

Dans la vie råelle, les discriminations någatives pesant sur les femmes sont nombreuses dans la Russie actuelle. Les chomeuses sont les deux tiers des personnes sans emploi. Quand le chomage augmente, cette augmentation touche en prioritå les femmes. Une femme perįoit en moyenne 60 % du salaire d'un homme, contre 75 % ā l'åpoque soviåtique. Les inågalitås sont plus fortes dans le secteur privå que dans le secteur public. Ce pourcentage est encore plus discriminant dans les rågions rurales et chez les jeunes. Tout ceci alors que les femmes ont en gånåral un niveau d'åducation plus ålevå que les hommes.

Cela est d'autant plus pråoccupant que dans la Russie actuelle comme dans la påriode soviåtique, un månage ne peut pas subsister sans que la femme travaille.

De plus, le nombre des divorces est extråmement ålevå et ce sont les femmes qui assurent la subsistance de la famille monoparentale.

Ces dissonances entre les normes et les pratiques tiennent en grande partie aux mentalitås. D'aprås une enquåte du Centre Levada de 2010 citåe par l'auteure, 54 % des employeurs considårent que les femmes ont moins de potentiel que les hommes, coûtent plus cher ā l'entreprise. Notamment parce que la loi russe pråvoit des avantages pour les femmes enceintes ou qui doivent s'occuper de d'enfants en bas age. Pourtant, ces visions någatives sont dåmenties par l'indice de performance des entreprises fåminisåes, au moins dans les sociåtås occidentales, citå plus haut.

Toujours ā partir de l'enquåte de 2010, l'auteure donne un certain nombre de pråcisions intåressantes sur les ståråotypes masculins, qui peuvent expliquer les discriminations någatives envers les femmes. Les qualitås les plus prisåes par les hommes chez les femmes sont par ordre dåcroissant: le sens de l'åpargne (56 %), la beautå et l'apparence physique, la politesse, la fidålitå. Les traits de caractåres les moins appråciås: la volontå d'indåpendance, la force de caractåre, la capacitå de rebondir aprås des åchecs. Chiffre trås significatif, 31 % des hommes seulement pensent que les qualitås intellectuelles d'une femme sont importantes. Ils croient en majoritå qu'elles ne sont ni logiques, ni cråatives. Dans ces conditions, on ne s'åtonnera pas que les femmes ne soient considåråes que comme une force de travail d'appoint ou de råserve. L'åthique[13] pråcåde le droit et parfois s'y oppose.

Aussi bien en France qu'en Russie, le droit a souvent åtå un instrument de la promotion des femmes, aprås que pendant des siåcles, il ait fait de la femme mariåe une mineure de surcroit dåpourvue du droit de vote, et une håritiåre succådant derriåre ses fråres.

La Journåe internationale des femmes a åtå institutionnalisåe ā l'ONU en 1977. Rien de plus logique: le dernier quart du XXe siåcle est celui de la montåe en puissance des fåminismes contemporains.

La France n'a pas åtå particuliårement en avance en ce qui concerne la reconnaissance des droits des femmes. La Råvolution franįaise a continuå ā les cantonner dans le domaine domestique: pas de reconnaissance de leurs droits civiques. En revanche, elle a beaucoup fait pour elles dans le domaine des droits civils. Premiåre grande loi sur le divorce en 1792 qui va måme jusqu'ā instituer le divorce pour incompatibilitå d'humeur. Depuis, et c'est une constante dans l'Union europåenne, les femmes sont majoritaires ā demander le divorce. Ensuite, la Råvolution franįaise a instituå l'ågalitå successorale, contre la plupart des coutumes en vigueur jusqu'alors.

Pour le droit de vote, il faudra attendre plus longtemps.

Le 12 mars 1917, quelques jours aprås l'abdication du tsar, le gouvernement provisoire accorde le droit de vote aux femmes russes. En mars 1921, Lånine, sous l'impulsion d'Alexandra Kollontai,dåcråte la Journåe internationale des femmes, qui par la suite sera cålåbråe dans tous les pays de l'Est.

En Russie, le 23 fåvrier est le jour de la Fåte des hommes. C'est en fait l'anniversaire de la cråation de l'Armåe Rouge en 1918. Les femmes russes fålicitent les soldats, et par extension aujourd'hui tous les hommes, ā une åpoque oų les valeurs guerriåres n'ont plus le vent en poupe. En Russie, on offre donc des cadeaux aux hommes le 23 fåvrier et on leur souhaite bonne fåte.

Rien de tel en France, si ce n'est peut-åtre par l'intermådiaire de la Fåte des Påres, qui n'a pas la måme ampleur que celle des Måres.

On constate donc une certaine asymåtrie. Cette asymåtrie est ågalement patente ā propos de la Journåe internationale des hommes, qui se situe le 19 novembre. Elle a åtå inauguråe en 1997 et parmi ses objectifs gånåraux, on retrouve l'ågalitå entre les hommes et les femmes. L'Unesco s'en est fålicitåe, mais cette date ne figure pas dans la liste officielle de ses grandes journåes, pas plus que dans celle de l'ONU.

Ces constats des inågalitås entre les femmes et les hommes[14], les efforts du droit ā l'åpoque contemporaine pour les råduire suscitent inåvitablement une grande question: pourquoi ?

B) Hypothåses sur la gånåralitå des inågalitås entre les hommes et les femmes

On peut tout d'abord chercher dans l'histoire, et plus pråcisåment dans la Pråhistoire, l'origine de cette inågalitå. On s'interrogera ensuite sur ce que peut nous apprendre une anthropologie de la division sexuelle du travail. Puis on råflåchira sur les consåquences någatives du syståme viriarcal,, non plus seulement sur les femmes, mais sur les hommes.

a) L'origine historique du viriarcat

Depuis le XIXe siåcle, c'est-ā-dire l'åpoque de l'essor de l'ethnologie moderne, le constat gånåral est clair. Au sein d'une dizaine de milliers de sociåtås que nous connaissons, jamais la femme n'a eu un pouvoir comparable ā celui des hommes. Le matriarcat, ā ne pas confondre avec la matrilinåaritå qui peut trås bien s'accommoder du patriarcat, n'a jamais existå, ou du moins n'en a-t-on aucune preuve. Contrairement ā ce qu'avait essayå de dåmontrer en 1861 Joseph Bachofen, un des pionniers de l'anthropologie juridique, dans son ouvrage Le Droit maternel.

Le crådit apportå aux thåories matriarcales dåpend beaucoup de l'åpoque de l'observateur. Elles ont ainsi resurgi lors de la montåe du fåminisme ā la fin du XXe siåcle. Une des plus råcentes est celle de l'archåologue lituano- amåricaine, Marija Gimbutas, disparue en 1994 [15]. D'aprås elle, dans l'Europe nåolithique,nos ancåtres vivaient dans de grands villages ouverts,au sein de sociåtås matriarcales, matrilinåaires et pacifiques. On s'y adonnait principalement aux activitås artistiques. Cette åpoque prit fin cours du quatriåme millånaire avant notre åre en raison d'invasions de peuples venus d'Ukraine et de Russie, qui auraient instaurå brutalement le patriarcat. Mais l'archåologie est muette sur ce grand basculement.

De måme, on a voulu interpråter les statuettes nåolithiques bien connues de femmes aux fesses, seins et sexes hypertrophiås comme des preuves du matriarcat. En fait, elles traduisent beaucoup plus probablement l'intåråt des hommes, leurs dåsirs årotiques, pour la sexualitå par le biais de la repråsentation des organes sexuels fåminins, signe avant-coureur d'une tendance que nous retrouvons bien plus tard dans toute l'histoire de l'art occidental oų les nus fåminins sont beaucoup plus nombreux que les nus masculins. L'art porte aussi les traces des pråfårences sexuelles, concråtisåes par les måcanismes de la sålection naturelle. Par exemple, les hommes ont tendance ā privilågier les seins chez les femmes, beaucoup plus volumineux en moyenne que chez les femelles primates, et dåpassant les nåcessitås de l'allaitement, et les femmes la taille du pånis, plus qu'il n'est nåcessaire pour la reproduction[16].

La transition vers un modåle nettement patriarcal commence avec les premiåres sociåtås d'agriculteurs nåolithiques. Plus pråcisåment en Europe au chalcolithique, entre 4500 et 2200 avant notre åre. On repråsente des hommes armås en situation de pouvoir (cette tradition va durer jusqu'ā nos monuments aux morts). Les batiments urbains s'organisent autour du masculin: ne sont repråsentås que des animaux males. Jean-Paul Demoule fait l'hypothåse qu'avec la sådentarisation se dåveloppent des idåologies liåes au pouvoir masculin pendant que, dans le cadre domestique, la tradition des repråsentations fåminines plus anciennes continue[17]. Hypothåse qui semble confirmåe par le constat de certaines arythmies chronologiques.

Les communautås du Proche-Orient, qui pouvaient regrouper plusieurs milliers d'habitants, dans lesquelles apparait ce type de batiment se dåveloppent pendant deux millånaires jusqu'au dåbut du septiåme millånaire avant notre åre. Et puis elles s'effondrent et sont remplacåes par des villages beaucoup plus petits. Cela probablement en raison de dågradations climatiques qui auraient refroidi le climat dans ces zones.

Le mouvement urbain ne reprendra que vers le quatriåme millånaire avant notre åre.

Pendant cet intervalle, on ne trouve plus dans ces villages de repråsentations du principe male, tandis que se perpåtue la confection de statuettes majoritairement fåminines dans l'espace domestique de la maison. On ne constate pas de diffårence visible de richesse entre les tombes des femmes et celle des hommes. Mais celles des femmes contiennent des ustensiles domestiques (meules ā broyer les grains de blå) ; celle des hommes, des haches ā fendre le bois et des pointes de flåches en silex.

Ā partir du cinquiåme millånaire, la marche interrompue vers le viriarcat reprend. La taille des communautås humaines augmente, de grands espaces collectifs sont amånagås. Les repråsentations de guerriers en armes deviennent plus nombreuses que les repråsentations fåminines. Et måme dans la sociåtå des dieux, les dieux masculins commandent en dernier ressort.

On voit donc que de tout temps la sexualitå fåminine, ā travers la repråsentation des organes fåminins, a åtå une source d'intåråt, d'interrogation, et sans doute aussi d'angoisse de la part des hommes.

Qui s'ajoute ā l'exorbitant privilåge de la maternitå. La nature a en effet fait du corps fåminin le lieu de la conception, de la fabrication du fœtus et de la mise au jour du nouveau-nå. De surcroit, scandale supplåmentaire, une femme peut engendrer aussi bien un garįon qu'une fille. Aristote l'expliquait par le fait que le testicule[18] gauche, situå du cotå dåfavorable, engendrait les filles, et le testicule droit, les garįons.

Somme de craintes qui expliquerait que quand la densification du peuplement et la sådentarisation se sont combinåes pour faire apparaitre de nouveaux principes de hiårarchie sociale, le masculin soit devenu prådominant.

Cela veut-il dire que l'inågalitå entre les genres ne serait pas inscrite dans la nature? On a longtemps penså le contraire, en se satisfaisant de jugements paresseux et de ståråotypes que dåment une approche anthropologique de la division sexuelle du travail.

b) Anthropologie de la division sexuelle du travail

La femme serait faible, la plupart du temps passive et en tout cas dominåe par ses åmotions, peut-åtre måme par ses organes: Tota mulier in utero, disaient les Romains. Tout le contraire de l'homme: fort, actif, maitre de lui, de ses åmotions comme de sa sexualitå.

Par exemple, comment nous repråsentons nous encore l'acte sexuel? Pour faire bref, une invasion dans le corps de la femme. On pourrait pourtant concevoir la måtaphore inverse: une captation du sexe masculin par l'organisme fåminin. D'ailleurs, cette peur est bien pråsente chez les hommes, comme en tåmoigne la multiplicitå des mythes des vagins dentås.

Quant ā la supårioritå masculine en ce qui concerne la force, rien n'est moins certain.

Comme le dåmontre bien Alain Testart dans un petit livre qui est un chef-d'œuvre[19], les femmes ont toujours travaillå dur, aussi bien sous les tropiques que dans les rågions polaires. Elles transportent le gibier depuis les lieux de chasse, s'occupent du dåpeįage. Sans compter les travaux physiques qui exigent de l'endurance (repiquage du riz, binage, sarclage, liage des gerbes, engrangement des råcoltes), et de la force: portage, pilonnage, lessivage, påtrissage. Et elles participent aussi ā la chasse qui a åtå l'activitå principale de l'humanitå pendant la plus grande partie de son histoire. On les trouve en effet dans certaines activitås de chasse: la chasse au petit gibier, parfois måme la chasse au gros gibier, les chasses collectives, la chasse ā l'affût.

Quant ā la guerre, s'il est vrai que dans le combat au corps ā corps la musculature masculine l'emportera sur la fåminine, on ne voit pas pourquoi une femme ne pourrait pas piloter des drones aussi bien qu'un homme.

Les femmes auraient aussi åtå handicapåes dans leur mobilitå par les soins ā donner aux petits enfants.

Mais faut-il supposer que toutes les femmes avaient toujours des petits enfants dans les bras ou dans le ventre?

Il faut donc chercher ailleurs.

Comme le disait Franįoise Håritier, on aurait fort bien pu concevoir que l'histoire humaine prenne un autre sens ā partir du fait biologique de la maternitå. Loin d'åtre source d'infårioritå, celle-ci aurait pu åtre un avantage qui aurait pu conduire au matriarcat. Or nous avons vu qu'il n'a jamais existå. La maternitå a au contraire passå pour un handicap. Au point qu'aujourd'hui la plupart des jeunes femmes la retardent afin d'obtenir d'abord l'autonomie financiåre par le biais de l'exercice d'une profession. Et certaines militantes, comme Arlette Laguiller, la refusent carråment. Par ailleurs, les travaux d'Ålisabeth Badinter ont montrå que toutes les femmes n'åtaient pas nåcessairement habitåes par l'instinct maternel.

En revanche, la nature a fait que la femme perd råguliårement son sang pendant une bonne partie de sa vie. Et les rågles ont åtå interpråtåes dans la quasi-totalitå des cultures comme un symptome de faiblesse, de dåsordre du corps fåminin et aussi comme un danger: innombrables sont les tabous au sujet de la menstruation (dans ma jeunesse, j'entendais dire que les femmes qui avaient leurs rågles ne pouvaient råussir une mayonnaise) [20].

Alain Testart explique trås bien comment aujourd'hui encore le tabou des rågles rågit certaines de nos activitås: il ne faut pas cumuler le sang avec le sang. En 2002,91 % des måtiers de la boucherie åtaient exercås par des femmes; les maniåres de table exigent que si la femme cuit le roti, c'est l'homme qui le dåcoupe; ā la campagne, c'est toujours l'homme qui ågorge le cochon. Les armes que n'utilisent pas les femmes sont celles qui font couler le sang des animaux. Un des dogmes de la religion catholique est celui de la transsubstantiation: le vin devient le sang du Christ. Or, non seulement les femmes ne peuvent pas cålåbrer la messe, mais elles ne peuvent accåder au chœur oų elle est cålåbråe. En revanche, la transsubstantiation est absente de la religion protestante, qui a toujours åtå plus ouverte aux femmes que le catholicisme: dans certaines branches du protestantisme, des femmes peuvent åtre åvåques. Un texte åtrange de Pline s'explique ågalement par cette particularitå du corps fåminin. Celui-ci nous dit qu'on åcarte les orages, notamment en mer, en dånudant une femme qui a ses rågles[21]. Alain Testart nous montre qu'il y a un parallålisme entre l'agitation de la mer et celle du corps de la femme. En vertu du principe d'exclusion des contraires le calme doit revenir sur l'ocåan.

Alors, quand et comment les hommes ont-ils pris le pouvoir? On ne le sait pas vraiment. Tout au plus peut-on supposer que pendant les påriodes de la pråhistoire et de la proto histoire les relations entre les genres åtaient ā peu prås åquilibråes[22]: l'instauration du viriarcat ne concerne donc qu'une petite partie de l'aventure humaine.

Je ne reviendrai pas sur les consåquences dommageables qu'il a eues sur les femmes. Tout le monde les connait.

On insiste beaucoup moins souvent sur les consåquences non moins dommageables qu'il a eues sur les hommes. C'est le mårite de l'ouvrage d'Olivia Gazalå, une philosophe, de les avoir rappelåes dans un ouvrage råcent, qui met bien en lumiåre ce que j'appelle les dettes de virilitå.

c) Les dettes de virilitå

Le syståme patriarcal, qu'Olivia Gazalå pråfåre nommer ā juste titre le viriarcat, fait peser sur les hommes de lourdes obligations, surtout dans la mesure oų il les persuade que ces obligations ont en large partie pour origine des exigences fåminines.

Il introduit donc une double asymåtrie: un pouvoir des hommes sur les femmes, et ce que j'appelle des dettes de virilitå des hommes envers les femmes.

Quels sont ces dettes de virilitå?

Tout d'abord, åvidemment, la puissance sexuelle, qui n'est que l'autre face de la domination masculine dans le domaine social et politique. Les Romains le disaient clairement: le bon citoyen doit jouer un role actif dans les relations sexuelles, que ce soient des relations håtårosexuelles ou homosexuelles. Et celui qui est passif dans ces relations ne peut åtre un bon citoyen.

Cette puissance passe notamment par les dimensions du phallus. Celle-ci sont exagåråes dans bien des figurations, notamment parce qu'elles åtaient censåes porter bonheur. Mais de maniåre apparemment contradictoire, la statuaire antique nous met en face de corps masculin musclås et de large carrure avec des sexes de dimensions plus petites que dans la råalitå. On saisit par lā la tension infligåe aux hommes. D'un cotå, manifester la puissance. Mais de l'autre aussi, maitriser leurs pulsions. Le petit dieu Priape souffre d'une årection douloureusement continue, c'est un enfant monstrueux, rejetå par sa propre måre, la belle Aphrodite, en raison de son membre qualifiå de terribilis. Toujours ā Rome, une åpouse qui trouvait son mari un peu trop pressant d'un point de vue sexuel (uxoriosis) pouvait s'en plaindre ā son beau-påre, et måme l'assigner devant un tribunal.

Si l'homme doit donc maitriser ses pulsions, la femme n'en est jamais capable. Ainsi s'explique que son sexe n'est presque jamais repråsentå, car il est source de tous les dåsordres.

Mais non seulement le phallus doit åtre d'une certaine taille, mais il doit aussi åtre capable d'årection, ce qui ne dåpend pas de la volontå, et doit donc åtre cherchå du cotå d'une prådisposition naturelle ā la virilitå.

Ā l'heure actuelle, en France, 36 % des hommes dåclarent souffrir de troubles de l'årection, qu'ils soient occasionnels ou majeurs[23], ce qui est le handicap sexuel le plus fråquemment citå. D'autres enquåtes font åtat de pourcentage plus ålevå, de l'ordre de 44 % ā 47 %[24].

Dans l'art palåolithique, dans prås de la moitiå des cas, les repråsentations masculines sont ithyphalliques[25], ce qu'on peut interpråter au moins comme une pråoccupation.

Pour Saint Augustin, il n'y a qu'au Paradis que l'homme pouvait dåclencher ā son grå ses årections[26]. Mais une fois hors du Jardin d'Eden, aprås le påchå originel, il en ira tout autrement. Une telle affirmation peut nous faire sourire. Il faut la replacer dans son contexte. Dans sa jeunesse, Augustin nous dit lui-måme: Ģ Je vins ā Carthage; partout autour de moi cråpitait la chaudiåre des honteuses amours ģ. Par la suite, il entame une liaison avec une femme dont il eut un fils, liaison qui dura quinze ans. Il a donc eu une vie sexuelle. Et sans doute connu des moments ou des påriodes d'impuissance. Il tente de les comprendre. Il constate que la plupart de nos gestes quotidiens sont dåterminås par notre volontå. Mais Ģ s'agit-il au contraire des membres gånårateurs, [l'homme] åprouvant lui-måme une råvolte continuelle; souvent ce qu'il voudrait il ne le fait pas, et ce qui ne voudrait pas il le fait ģ. Il s'agit donc du stigmate de l'imperfection de notre monde, celui d'aprås la Faute. Fort logiquement, il imagine qu'au Paradis il en allait autrement:

ĢQuant ā la gånåration, elle aurait pu s'opårer sans aucune råbellion des sens, comme beaucoup d'œuvres s'opårent dans le calme complet des membres, dirigås par l'impulsion de la volontå, et complåtement åtrangers aux ardeurs de la passionģ.

Interviennent aussi probablement au niveau inconscient des repråsentations culturelles liåes ā des pratiques matårielles. L'ethnologue Andrå Georges Haudricourt[27] a ainsi remarquå que les agriculteurs occidentaux ont eu un rapport brutal avec le blå (coupå, battu, broyå) et ont longtemps conįu le corps comme såparå de l'ame. Ā l'inverse, les Asiatiques ont cultivå des plantes comme l'igname, le tarot et le riz qui exigent des traitements soigneux et indirects; parallålement, ils ont conįu des philosophies intågrant davantage l'esprit et le corps, ainsi que des sexologies et des pratiques sexuelles plus raffinåes.

En tout cas l'angoisse de l'homme dåbiteur est toujours possible, latente. Qui peut åtre justifiåe par l'existence de certaines procådures.

Le tribunal de l'impuissance a ainsi åtå trås actif en France du XVIe au XVIIIe siåcle[28]. Le mariage doit åtre consommå. Le mari peut åtre sommå de faire la preuve publique de la Ģ tension ålastique ģ de son sexe en se livrant ā l'acte sexuel en face de cinq matrones et cinq mådecins. C'est l'åpreuve dite du Congrås. Apparemment, la plupart åchouait si bien que cette åpreuve fut abolie en 1677 et remplacåe par un examen des organes gånitaux.

Bien sûr, il n'est plus question ā l'heure actuelle de telles procådures.

Cependant, l'angoisse masculine de la dette de virilitå est toujours pråsente. Les pråoccupations tournant autour de l'årection sont en effet plus fortes chez les hommes que chez les femmes, les premiers les citant deux fois plus que les secondes[29]. Dans le måme sens, 57 % des femmes disent que la taille du pånis n'est pas importante, alors qu'elles pensent que ce critåre est primordial pour 95 % des hommes[30]. 44 pour cent d'entre elles se disent trås satisfaites de leur sexualitå contre 34 % des hommes[31].

Je remarque par ailleurs que les rapports physiques sont une des obligations du mariage, ā dåfaut d'en åtre un des plaisirs. Le devoir conjugal existe toujours. Si l'amour n'est juridiquement pas une obligation du mariage, l'exercice de la sexualitå suivant une certaine fråquence en est une.

Ce devoir [les relations sexuelles] ne peut åtre contraint, sauf ā constituer un viol entre åpoux[32] et ā transformer Ģ la plupart des mariages en prostitution juråe [33]ģ. Ā ce sujet, la pråsomption de consentement des åpoux rapports sexuels a åtå supprimåe par la loi du 9 Juillet 2010 (article 36) relative aux violences faites aux femmes, aux violences au sein du couple, et aux incidences de celles-ci sur les enfants.

Toutefois, le juge civil peut relever l'absence de relations sexuelles comme un comportement fautif. C'est ainsi que la Cour d'appel d'Aix-en-Provence[34] a pu prononcer un divorce aux torts exclusifs de l'åpoux, condamnå ā indemniser son åpouse ā hauteur de 10 000 ˆ, au motif que Ģ la quasi-absence de relations sexuelles pendant plusieurs annåes, certes avec des reprises ponctuelles, a contribuå ā la dågradation des rapports entre åpoux ģ. Aussi Ģles attentes de l'åpouse åtaient-elles lågitimes dans la mesure oų les rapports sexuels entre åpoux sont notamment l'expression de l'affection qu'ils se portent mutuellement, tandis qu'ils s'inscrivent dans la continuitå des devoirs dåcoulant du mariage ģ.

D'aprås d'Anatoli Kovler, Professeur ā l'Universitå Lomonosov, Moscou, ancien juge russe ā la Cour europåenne des droits de l'homme, cet arråt aurait åtå sanctionnå par le juge europåen s'il åtait parvenu jusqu'ā lui:

ĢL'article 8 de la Convention europåenne est concernå de deux maniåres: violation allåguåe de la vie personnelle en åtalant au grand public et manquements aux obligations de l'Åtat de protåger les donnåes personnelles. Le requårant pourrait aussi åvoquer l'article 3 (traitement inhumain et dågradant) ā cause des souffrances subies par lui. Les 10 000 ˆ de dommages-intåråts tombent sous l'effet de l'article premier du Protocole premier de la Convention (protection de la propriåtå) ģ [35].

Mais la raretå ou l'inexistence des relations sexuelles peuvent elles åtre interpråtåes par le juge comme le signe d'un manque d'amour?

Nul devoir d'amour n'est pråvu par le Code civil. L'amour ne peut åtre exigå par les partenaires qui doivent, en cas de dåfaut des sentiments, se contenter d'un effet placebo au travers de la fidålitå, du respect, de l'assistance et du secours. Comme produisant un substrat rationnel des sentiments, le droit indique quel doit åtre l'effet objectif des noces.

Le droit ne peut forcer des couples ā s'aimer. Alors qu'un åpoux reprochait ā son åpouse un manque caractåriså d'affection et de tendresse, une cour d'appel lui a rappelå de ne pas confondre mariage et amour, en affirmant que Ģ le manque d'affection et de tendresse ne peuvent constituer non plus une [violation des droits et devoirs du mariage], les sentiments ne pouvant råsulter d'une obligation et seuls les comportements devant åtre pris en compte ģ [36]. Il n'y a pas de norme d'amour, il n'y a pas de standard d'affection. Comme un excipient au dosage incertain, l'amour est traitå par le droit conjugal avec pråcaution, tel un auxiliaire facultatif du couple. Sans åtre le but poursuivi par l'institution du mariage, il est toutefois difficile de nier l'influence du sentiment sur l'esprit qui anime le modåle d'union pråconiså par le droit. S'il n'est pas nåcessairement la substance de la relation matrimoniale, il en est quelque par la coquille.

J'ai discutå de cet arråt avec mes åtudiantes. D'un point de vue juridique, puisque les rapports sexuels sont une des obligations du mariage, il est inåvitable que le juge soit appelå ā sanctionner leur fråquence. Et måme ā devoir dåfinir une certaine norme (en gånåral, deux fois par semaine, ce qui correspond d'ailleurs ā ce que l'on trouve sous l'Ancien Rågime dans les sentences des tribunaux ecclåsiastiques).

En revanche, d'un point de vue humain, l'opinion åtait que cette question åtait trop intime pour pouvoir åtre tranchåe par le juge. Faudrait-il donc oter les rapports physiques de la liste des obligations du mariage? Le dåbat est ouvert.

Autre preuve, mais a contrario, de l'obligation de puissance, bien connue aujourd'hui des urologues. Quand un homme est atteint d'un cancer de la prostate, maladie grave mais relativement banale, il peut vouloir diffårer, voire åviter (cela a åtå le cas de Franįois Mitterrand, comme on le sait trås portå sur les relations sexuelles) la prostatectomie, cela parce que les såquelles de cette intervention, ā des degrås divers, affecte la puissance sexuelle et peut måme condamner ā l'impuissance [37].

Mais on peut aller plus loin dans les exigences imposåes aux hommes. Il faut non seulement avoir des rapports sexuels, mais il faut qu'ils soient d'une certaine qualitå, c'est-ā-dire qu'ils contribuent au plaisir fåminin, peut-åtre måme ā l'orgasme de la partenaire.

Cette pråoccupation apparait au dåbut du XXe siåcle [38], se renforce ā partir de la fin des annåes soixante. C'est ce qu'Olivia Gazalå appelle le devoir de performance, (que Philippe Brenot identifie comme gånårateur de beaucoup de difficultås masculines et de tensions dans le couple [39]):

ĢCe devoir de performance est d'autant plus anxiogåne que jamais l'homme ne parviendra ā approcher l'infini de l'orgasme fåminin, ni ā l'extorquer de force ā sa partenaire, ni ā s'assurer qu'il n'est pas simulå. La femme lui åchappera toujours … ģ.

Et cette obligation est sanctionnåe par la jurisprudence, d'une maniåre remarquablement pråcoce, dans un arråt de la Cour d'appel de Lyon en 1956. Est fautif le fait pour un åpoux d'avoir Ģ entretenu des rapports si imparfaits qu'ils ne procuraient ā sa femme ni espårance de maternitå, ni plaisir ģ [40].

Autre obligation que l'on peut tirer de la nature: celle de l'interdiction des rapports homosexuels, qui fut longtemps juridique. L'homosexualitå åtait un crime jusqu'ā la Råvolution franįaise. Elle trouvait un de ses fondements dans le fait qu'ils ne pouvaient conduire ā la reproduction, alors que manifestement, les diffårences anatomiques entre les hommes et les femmes sont lā pour įa. Le plaisir åprouvå dans ces relations serait une sorte de ruse de la nature pour y conduire, mais pas le fondement. D'un point de vue anatomique, l'observation est juste. Mais elle se heurte au fait mille fois avårå que l'homme a toujours manipulå la nature, qui n'est en elle-måme ni bonne ni mauvaise.

La mådecine et la chirurgie, l'industrie pharmaceutique, contribuent la plupart du temps heureusement ā contrecarrer la nature.

Mais aujourd'hui, dans la partie restreinte du monde qui est la notre, ce modåle du viriarcat semble en perte de vitesse. Non seulement l'homme n'est plus le chef de famille, la transmission patrilinåaire du nom s'est-elle affaiblie, le travail fåminin s'accroit-t-il, mais ce syståme est atteint dans certains de ses fondements idåologiques.

La force physique n'est plus autant valorisåe qu'auparavant: au cinåma, on constate que les håros sont souvent fatiguås. C'est le cas de Robert De Niro dans Raging Bull et de Sylvester Stallone dans Rocky. Dans Little Big Man, Dustin Hoffman avait campå un antihåros, inversant les figures du western.

Le guerrier n'est plus ā la mode. La violence n'est plus idåalisåe: Peace and love, Faites l'amour, pas la guerre, disait on en des temps qui n'åtaient pas ceux du djihad. De plus, malgrå les apparences de l'immådiatetå, ā notre åpoque, bien des indices illustrent une baisse continue de la violence [41]. Aux Åtats-Unis, les viols et les agressions sexuelles, les violences conjugales ont beaucoup baisså entre 1992 et 2012. Le fait qu'ā l'heure actuelle le harcålement sexuel soit de plus en plus fråquemment dånoncå montre bien qu'il est perįu comme åtant anormal. Depuis 1975, en France, la notion de viol a åtå ålargie et les viols sont plus lourdement sanctionnås.

Les påres s'investissent de plus en plus dans l'åducation de leurs enfants, sans qu'il soit besoin de recourir ā un instinct paternel.

Cela ne signifie åvidemment pas pour autant que le viriarcat a disparu. Dans bien des pays, il reste la norme. En Russie, la propagande autour de Vladimir Poutine met en scåne un homme qui possåde tous les attributs de la virilitå.

En France, ce sont encore les femmes qui accomplissent la plus grande partie des taches månagåres. L'åcart salarial est de 18 % entre les hommes et les femmes.

Il reste que les signes de changement sont plus nombreux que ceux d'un retour au passå.

Reste ā savoir, mais la place me manque pour åvoquer ces problåmes, comment parvenir ā l'ågalitå entre les hommes et les femmes, et quels seraient ses råsultats.

En ce qui concerne les moyens, on peut penser aux discriminations positives, en gånåral råcusåes par les fåministes franįaises qui se sont opposåes ā l'inscription de la paritå dans nos institutions. Pour ma part, j'y suis plutot favorable.

En ce qui concerne les effets, l'avenir nous le dira. Pour les partisans de la thåorie du Care, il y aurait des vertus qui seraient spåcifiquement fåminines (compassion, souci de l'autre, etc.) qui repråsenteraient l'avenir. Ces thåories ne sont nullement un retour en arriåre, dans la mesure oų elles insistent sur la supårioritå de ces valeurs sur des valeurs inverses qui seraient masculines.

Il reste ā savoir si une femme qui accåde au måme niveau de responsabilitå qu'un homme exerce ces responsabilitås d'une maniåre diffårente, par la seule vertu de sa fåminitå.

On peut aussi se demander si les femmes et les hommes existent våritablement: les diffårences entre les individus ne sont-elles pas plus grandes que celles entre les genres?

Enfin, la plupart des thåories actuelles sur les diffårences entre les hommes et les femmes s'inscrivent dans un dualisme dont il faudrait au contraire sortir, måme si c'est plus compliquå [42].

D'un cotå, l'essentialisme. Les diffårences entre les hommes et les femmes sont si profondåment inscrites dans la nature biologique qu'il serait illusoire de les nier et de tenter de les dåpasser. Au cours de l'histoire, cela a åtå la justification principale du modåle viriarcal: la femme est faible, dåsordonnåe, elle a besoin de la tutelle masculine. Mais cette interpråtation naturaliste peut aussi åtre la source d'une revendication fåministe, comme dans les thåories du Care: les qualitås fåminines, meilleures que les masculines, sont la condition du progrås de nos sociåtås. Ce naturalisme repose sur l'idåe sous-jacente que la nature est bonne et qu'il faut donc la respecter.

De l'autre cotå, le socio-constructivisme. On se souvient de la fameuse phrase de Simone de Beauvoir: ĢOn ne nait pas femme, on le devient ģ. Les diffårences sont d'origine sociale, culturelle et historique. Elles sont donc modifiables.

On invoque souvent ā l'appui de ce rayonnement les råcentes dåcouvertes sur la plasticitå cåråbrale: ā tout age, le cerveau se modifie en fonction de nouveaux apprentissages.

En fait, ce dualisme est simplificateur. Nos comportements humains sont ā la fois les effets de donnåes culturelles et de donnåes sociales. Aucune caractåristique humaine n'est totalement innåe, ni totalement acquise. Par exemple, la plasticitå cåråbrale est loin d'åtre illimitåe. Elle dåpend beaucoup de l'architecture cåråbrale pråexistante et des måcanismes gånåtiques transmis.

D'autre part, måme si on supposait avåråe l'explication naturaliste, rien ne dåmontre son intangibilitå. Au contraire, bien des efforts humains, notamment ceux des juristes et des mådecins, sont dåployås pour limiter les causes dites naturelles. Par exemple, måme si les hommes åtaient prådisposås ā la violence notamment en raison de facteurs hormonaux, cela ne justifierait en rien que le droit se refuse ā controler ces comportements violents, notamment ā l'ågard des femmes.

D'autre part, les diffårences culturelles ne sont pas forcåment plus facilement modifiables que les diffårences naturelles. Il en va par exemple ainsi des croyances religieuses inculquåes dans l'enfance, ou des tabous alimentaires.

On voit donc que la lumiåre est loin d'åtre faite sur les explications thåoriques de l'inågalitå entre les femmes et les hommes. Ce qui n'interdit nullement d'adopter des politiques visant ā les råduire, voire ā les åliminer.

Suivant les pays, ces politiques sont plus ou moins dåterminåes, avec une efficacitå variable. Ā l'åpoque actuelle, nous assistons sinon ā une mondialisation, ce qui serait un terme exagårå, mais ā une certaine internationalisation des mariages. On continue ā se marier majoritairement dans sa proximitå gåographique et sociale. Rien n'interdit en droit ā la fille d'un månage ouvrier de se marier au fils d'une des plus grandes entreprises du CAC 40, mais les exemples sont plutot rares des unions entre la domestique et le Prince charmant[43]. Suivant l'origine des conjoints, la mixitå des couples peut poser des problåmes d'adaptation difficile, ā la fois en raison de critåres culturels et juridiques.

C'est ce que nous allons voir dans une seconde partie.

Partie II: L'internationalisation des unions et ses difficultås.

Je ne pourrai ici que prendre deux exemples actuels en les comparant: les couples russo- norvågiens et les couples franco-russes.

...

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  • Geographical position and features of the political system of Russian Federation. Specific of climate of country. Level of development of sphere of education and health protection of the state. Features of national kitchen, Russian traditional dishes.

    īđåįåíōāöč˙ [132,0 K], äîáāâëåí 14.03.2014

  • The history of football. Specific features of English football lexis and its influence on Russian: the peculiarities of Russian loan-words. The origin of the Russian football positions’ names. The formation of the English football clubs’ nicknames.

    ęķđņîâā˙ đāáîōā [31,8 K], äîáāâëåí 18.12.2011

  • Russian holidays it is the holidays of Russian people connected with widespread national traditions of their carrying out. For the state holidays the combination of what remained from the previous historical periods, and new, come to a life finding.

    đåôåđāō [18,7 K], äîáāâëåí 08.10.2009

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